Le Maire de Québec veut faire voter par l’Assemblée Nationale une loi qui nous empêcherait d’aller devant les tribunaux pour faire invalider les résolutions du conseil qui entérinent l’accord avec Quebecor Media.
Il s’est ensuivi des discussions au sujet de l’entente. Est-elle légale? Est-elle financièrement inéquitable? Chacun donne son avis. Nous avons eu ceux du Ministre Lessard, de Mme. Maltais, et de nombreux autres parlementaires. Fort bien, mais là n’est pas la question. Les parlementaires devraient s’insurger en bloc contre une tentative pour enlever les droits des citoyens d’aller devant les tribunaux.
L’entente serait de l’avis de tous la plus parfaite au monde (bien que si elle l’était, on n’en serait pas là), on devrait voir d’un très mauvais oeil cet embryon de dérive totalitaire. C’est aux tribunaux de juger de la légalité de l’entente. Il n’y a que leur voix qui compte à ce sujet. Ce n’est pas au pouvoir législatif de le faire. C’est pour cela que nous avons une séparation des pouvoirs.
L’éthique consiste à faire ce qui est juste même, et surtout, lorsque c’est au détriment de notre intérêt personnel. On entend souvent que l’intérêt personnel d’un élu est de dire ce qu’il faut pour se faire réélire, de dire ce qu’il pense que ses électeurs veulent entendre. Si c’est le cas, la politique enjoint l’élu de voter pour cette loi et l’éthique de voter contre.
En sommes-nous rendus là? Est-ce bien vrai que les électeurs sont prêts à bâillonner les citoyens, à retirer leur droit d’aller en cour? Oui, il y a de telles personnes, mais n’est-ce là qu’un premier réflexe irréfléchi qui disparaît dès qu’on pense au fond de la question? Si ces citoyens veulent, après réflexion, que les parlementaires protègent leurs droits, ne voudront-ils pas voir rejeter cette loi? Dans ce cas, l’intérêt politique est de voter contre la loi, en accord avec l’éthique.
Au départ, l’entente servait de révélateur pour nous montrer de quoi sont faits Régis Labeaume et les autres intervenants dans ce dossier précis. Maintenant, grâce au projet de loi, nous verrons de quoi sont faits les parlementaires et leurs électeurs.
En votre âme et conscience êtes-vous prêts à sacrifier des droits fondamentaux pour de l’opportunisme?
Alain Miville de Chêne