Après mûres réflexions et consultations, nous avons conclu qu’il était toujours de notre devoir citoyen de demander l’annulation des contrats intervenus entre la Ville de Québec et Quebecor Media concernant l’exploitation du nouvel amphithéâtre à vocation commerciale que la Ville projette de construire. Les principes en cause sont en effet fondamentaux dans une société démocratique.
Le premier de ces principes exige que tous soient traités également devant la loi et que les gouvernants répondent de leurs gestes, s’ils sont soupçonnés de comportements illégaux. Paradoxalement, l’illégalité des gestes posés par l’administration Labeaume dans ce dossier est confirmée par l’adoption de la loi 204 qui tente de légaliser rétroactivement ce que la loi défend explicitement. Le projet de loi 30 confirme d’ailleurs sans équivoque cet état de fait.
Ces principes dictent aussi que le législateur ne peut faire en sorte que ces mêmes gouvernants échappent à la vigilance des citoyens et à la compétence des tribunaux, et ce, au nom de la stricte séparation des pouvoirs législatifs et judiciaires, fondement même de l’indépendance du pouvoir judiciaire à la base de notre système constitutionnel.
Ces principes commandent enfin que le respect dû aux individus et aux tenants d’opinions divergentes dans une société libre soit garanti et pratiqué sans restrictions arbitraires, pour des motifs intéressés, contingents et expédients, tels que ceux invoqués par les législateurs lors de la discussion du projet de loi 204.
En outre, nous croyons fermement que les normes les plus élémentaires en matière d’éthique, de moralité publique et de transparence ont été piétinées par le maire de Québec dans cette affaire. Ce comportement, répréhensible en tout temps, l’est d’autant plus alors que tant de voix citoyennes s’élèvent contre le laxisme, la casuistique et les faux-fuyants de trop de membres de la classe politique.
Finalement, nous considérons qu’il est toujours de notre devoir de faire obstacle à un usage imprudent, sans bornes, immoral et illégal des fonds publics au profit d’intérêts privés mercantiles, sous prétexte que la population est en faveur du projet de doter la ville d’un nouvel amphithéâtre. Nous maintenons que la poursuite de ce projet ne justifie pas le recours à des moyens condamnables.
De telles manœuvres sont particulièrement répréhensibles en ces temps troublés où les gouvernements sabrent dans la qualité des services publics essentiels et alors que dans de nombreux pays, on manifeste contre les avantages excessifs consentis par les gouvernements aux mieux nantis de nos sociétés.