Le retour des Nordiques

En lisant certains journaux et des commentaires sur les forums de discussion au sujet du hockey, et surtout en écoutant certaines radios, on pourrait croire que nous sommes un important obstacle au retour des Nordiques à Québec. Il n’en est rien.

Pour obtenir une équipe de hockey dans une ville il faut réunir plusieurs conditions:

  • un acheteur fortuné
  • un vendeur très mal pris
  • un marché payant et enthousiaste
  • un aréna
  • l’accord des autres membres de la ligue

Québec a l’acheteur fortuné. Comme beaucoup de fortunés, dès qu’il s’agit de sortir de l’argent il se transforme en quêteux et, bien sûr, ça marche. On donne énormément aux quêteux riches, mais pas beaucoup aux quêteux pauvres. C’est injuste, mais ainsi va la vie.

La LNH regorge de vendeurs mal pris. Si on analyse le tableau de Forbes NHL Team Values 2010, on voit que 13 équipes font de l’argent sur leurs opérations et 17 en perdent. Les revenus des équipes de la LNH sont 2 929 M$ générant 160 M$ sur les opérations. Mais ce n’est que la moitié de l’histoire. Les équipes ont des dettes de 2 761 M$ qui doivent être remboursées à partir de ces résultats d’exploitation. Le résultat net avant impôts est à peu près -100 M$. Il y a donc à peu près 8 équipes qui font un profit net et 22 qui en perdent. L’ensemble est déficitaire.

Le marché de Québec est très enthousiaste, mais il est juste sur la ligne (ou juste en dessous?) d’un marché rentable selon un rapport du Conference Board. Québec est en compétition avec d’autres marchés dont certains peuvent être tout aussi enthousiastes, mais plus rentables.

Québec n’a pas l’aréna, mais il s’en vient. Ce que j’ai retenu des propos du directeur de la LNH c’est que l’aréna doit d’abord exister avant d’y envoyer une équipe. L’aréna n’existera pas avant quatre ans.

L’accord des autres membres de la ligue n’est pas donné d’avance. Plusieurs villes en Amérique du Nord postulent pour une équipe. Québec n’est qu’une parmi tant d’autres.

Tout ceci prend du temps pour coïncider. Il faut selon Bettman et Péladeau de la patience, une vertu qui semble en rupture de stock parmi les partisans à Québec.

Tout ceci nous amène à notre problème avec la Ville de Québec. Tout ce que nous avons esquissé plus haut doit être fait, il va de soi, légalement. Lorsqu’on travaille légalement, on n’a pas beaucoup de problèmes légaux. Au début de mai nous dénoncions les illégalités dans l’entente de gestion.

Une solution simple aurait été de refaire le travail en suivant les lois. C’est ce que nous imaginions qui se passerait. Plus de six mois se sont écoulés depuis notre conférence de presse: amplement de temps pour aller en appel d’offres et de suivre toutes les lois. À l’heure où j’écris ceci, nous aurions un contrat de gestion légal et aucune action devant les tribunaux. La sainte paix!

Une autre solution, apparemment simple, mais beaucoup plus compliquée, est d’adopter une loi qui déclare que ce qui est illégal devient légal. Ce qui ne va pas avec cette solution est qu’elle viole les droits fondamentaux des citoyens. Nous ne sommes pas tout seuls à le penser. Le parti Québécois a éclaté en partie parce que certains de ses députés n’étaient pas prêts à violer nos droits. Le Barreau du Québec et le Barreau du Canada ont déjà donné leur avis sur le sujet: la loi viole la primauté du droit et l’accès aux tribunaux garanti par la Charte. Cette discussion sera tranchée par la cour supérieure.

Le blocage vient de l’entêtement de la Ville et de Quebecor à faire des contrats truffés d’illégalités. Nous ne faisons qu’exercer nos droits démocratiques face à l’abdication du gouvernement et de l’Assemblée nationale. Il faut blâmer ceux qui ne respectent pas les lois, non ceux qui les prennent en défaut, même si on aime le hockey.

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