En investiguant le merveilleux monde de la subvention publique du sport professionnel, je suis tombé sur une arnaque similaire a celle des stades pour des clubs professionnels, mais encore bien plus grande: les olympiques. Ce sont les vrais pros avec des projets de dizaine de milliards, à comparer aux piètres centaines de millions des équipes sportives.
C’est un peu le même principe: on va distribuer beaucoup d’argent (toujours beaucoup plus que prévu au départ) en faisant la promotion d’un projet basé sur des études promettant mer et monde. Pendant la période d’excitation publique autour du projet, on va oublier le bon sens financier en empruntant pour dépenser presque sans compter. On va goaler les critiques en utilisant des stratégies de communication éprouvées et souvent en adoptant des lois spéciales.
Les promoteurs moussent les avantages du projet: des emplois, du tourisme, du développement immobilier, l’augmentation de l’activité physique des citoyens, et de la fierté. En faisant le tour de la littérature (par exemple Journalist’s Resource et 3 Reasons Why Hosting Olympics Is A Loser’s Game), on se rend bien compte que ces promesses ne sont jamais réalisées.
Il est évident que construire beaucoup d’édifices et de routes et y assurer la sécurité va employer beaucoup de monde. C’est en comparant ces activités avec d’autres qui auraient pu être réalisées avec cet argent qu’on se rend compte que ce sont les moins utiles qui soient. On aurait pu créer des écoles techniques pour fournir les employés dont l’industrie a besoin et ne trouve pas, ou créer des centres de recherche en énergies renouvelables, ou même simplement réparer des ponts et routes délabrées. Les activités olympiques génèrent un grand brouhaha en ne laissant rien de durable sauf des dettes et des éléphants blancs. Je vous laisse imaginer ce qui pourrait être fait à la place créant des institutions durables avec des emplois permanents à long terme.
L’amélioration du positionnement touristique de la ville est un mythe. Les études faites après coup démontrent que le tourisme baisse dans le pays pendant les olympiques et n’augmente pas dans les années suivantes. Posez-vous simplement la question « est-ce que je vais visiter la Chine parce qu’il y a eu des olympiques en 2008? » Si vous répondez oui, vous êtes vraiment bizarre. Un exemple parmi mille, lisez British tourism slumped during London Olympics.
Au chapitre du développement immobilier, l’organisation nous promet la revitalisation de quartiers et même des logements sociaux. La réalité, constatée après coup, est que les promoteurs immobiliers s’en mettent plein les poches avec l’accord des autorités municipales, et que des populations pauvres sont expulsées vers d’autres lieux. Souvent la nature en prend un coup, car on a besoin d’y implanter des édifices et des routes. Les promoteurs gagnent aux frais des citoyens. Par exemple, lisez ceci: Olympics blamed for forcible removal of 2m over 20 years.
Les olympiques n’augmentent pas l’activité physique de la population. Un récent rapport (page 37) concluait « No host country has yet been able to demonstrate a direct benefit from the Olympic Games in the form of a lasting increase in participation. » On peut en lire plus ici.
La promotion de la « fierté » me laisse de glace. Quelle fierté tirer de dépenses publiques somptuaires? L’athlète qui s’entraîne à chaque jour et qui participe aux Olympiques a de quoi être fier. Il a réalisé quelque chose de difficile. Si on veut être fier de sa ville ou de son pays, rendons les beaux, agréables à vivre, et justes envers tous les citoyens, spécialement les plus vulnérables et démunis.
Finalement, rappelons-nous que le comité olympique est une organisation qui ramasse des milliards en Suisse sans en faire de rapport public. C’est une organisation privée et secrète associée à répétition à la corruption. Est-il bon de faire affaire avec ces gens?
Les olympiques est un sujet très vaste, mais retenons que ces projets sont nuisibles aux populations qui payent pour et qui en endurent les conséquences. Cette histoire se répète sans cesse parce que les politiciens et les promoteurs s’en sortent d’habitude gagnants.